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2020, le bilan : c’était comment d’avoir 20 ans en 2020 ? - Reportage

Dernière mise à jour : 4 janv. 2021

Au placard 2020 et bienvenue à 2021 ! La tumultueuse année est enfin finie, et il est maintenant temps de faire le bilan. Mais si tous les secteurs et tous les âges sont touchés, une tranche de la population se rappellera 2020 : la jeunesse. « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » disait Emmanuel Macron lors d’une allocation télévisée le 14 octobre, mais était-ce le cas ? Pour en avoir le cœur net, CRUSOA est allée à la rencontre des jeunes d’aujourd’hui. Bilan de l’année au travers de leur expérience.

 

Une année 2020 qui avait pourtant bien commencé


Qui aurait cru, alors que le compte à rebours de 2020 était lancé, que l’année serait aussi difficile ? Personne, et surtout pas les jeunes de 20 ans. Pour George G. (21 ans, étudiant à l’école du Louvre), 2020 était l’année du renouveau. « Je faisais la fête à Londres le soir du Nouvel An, l’année s’annonçait grandiose. Je venais de rompre, 2020 c’était pour moi l’année de la renaissance.» Une renaissance partagée par la plupart des jeunes de 20 ans. Pour Ambre R. (21 ans, étudiante à Neoma Business School), il était question de se « remettre à fond dans les études, de trouver un stage, de faire des voyages ». Pour Emmet A. (20 ans, étudiant à UCLA), 2020 marquait sa première année à l’université et tout se passait bien, il espérait continuer l’année sur cette lancée.


Pour autant, si l’année avait bien commencé pour la majorité des jeunes de 20 ans, certains ont démarré l’année sur les chapeaux de roues. Un présage de l’année à venir ? C’est par exemple le cas de Alizée R. (21 ans, étudiante à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye), qui a commencé son année 2020 de façon un peu chaotique : « J’ai fêté le Nouvel An à Édimbourg avec quelques amies. Si tout s’est bien passé pendant la soirée, sur le retour c’est devenu plus problématique. J’ai fait une grosse intoxication alimentaire deux heures avant de prendre mon avion. » Un signe de l’année qui s’annonçait peut-être…


« Je me disais ‘c’est ici que je vais mourir’ » : Le retournement de situation que personne n’attendait


Car si 2020 avait bien commencé pour la plupart des jeunes, personne n’aurait pu prévoir ce qui allait se passer. À commencer par l’apparition d’un mystérieux virus dans une ville de Chine appelée Wuhan. Alizée R. raconte son sentiment : « Pour moi c’était une blague, je pensais que jamais la COVID-19 n’arriverait jusqu’en France. Je ne comprenais pas le stress et la panique général. » Un avis partagé par Margot C. (23 ans, éducatrice spécialisée) qui entendait parler du virus mais n’avait pas d’inquiétudes particulières.


Et bien que personne ne s’inquiète, le virus arrive en France et oblige le gouvernement à prendre une décision radicale le 17 mars : confinement national, interdiction de sortir de chez soi sauf pour les besoins de première nécessité. Chez les jeunes étudiants, c’est la panique. « J’ai dû rentrer chez mes parents. Je me disais ‘c’est ici que je vais mourir’ » raconte George G. Thomas D. (21 ans, étudiant à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye) a lui été rassuré de pouvoir rentrer chez lui : « J’étais en échange aux États-Unis, et j’avais peur que la France ne ferme ses frontières. Heureusement j’ai pu rentrer et voir mes parents après 6 mois d’absence. » Enfin, pour d’autres, un choix est à faire : rentrer chez Papa-Maman au risque de les contaminer ou rester chez soi en solitaire ? Alizée R. a tranché. « Pour le premier confinement j’étais seule chez moi, j’ai préféré ne pas rentrer chez mes parents alors qu’ils me demandaient de les rejoindre. J’ai voulu les protéger, car je devais me déplacer pour mon stage, et j’aurais pu les contaminer. Mon père est fragile, je n’ai pas voulu prendre de risques ». Un confinement raisonné. De la même façon, Bones Z. (20 ans, étudiante à UCLA), a pris la nouvelle du confinement avec raison : « J’ai trouvé que c’était une mesure raisonnable, je n’ai donc pas eu de réaction particulière quand il a été annoncé. Je comptais le suivre à la lettre ».


L’annonce tombe : le monde est confiné


Annoncé pour une durée de quelques semaines, ce confinement n’a pas plu à tout le monde, en particulier aux professionnels qui craignaient pour leur économie. Quentin M. (24 ans, tatoueur à Montpellier) explique que financièrement, le confinement a rendu son année difficile. « Quand tu es tatoueur, tu es payé avec les tatouages que tu réalises et pas autrement. Si tu ne tatoues pas, tu n’as pas de salaire. Financièrement, le plus difficile c’est que plus tu es fermé et plus tu perds d’argent, comme tu dois payer tes factures sans avoir de revenus derrière pour assurer. » Et si son studio de tatouage pensait n’être fermé que deux semaines, la désillusion est grande : la France ne sera déconfinée que le 11 mai, soit deux mois après l’annonce du confinement.


Il a donc fallu s’occuper pendant ce temps-là. « Je suis resté actif sur les réseaux sociaux, j’ai continué de dessiner même si c’était difficile de trouver de l’inspiration. Je me suis aussi mis au sport, en suivant des cours en visio avec l’un de mes amis » raconte-t-il. Des occupations qui ne sont pas inconnues de la jeunesse pendant le premier confinement. Lola B. (20 ans, étudiante à l’ENS Ulm) a par exemple commencé à faire du sport, avant d’arrêter et de se consacrer à l’écriture. Thomas D. n’a quant à lui pas réussi à être productif pendant le premier confinement. Une « erreur » qu’il n’a pas voulu reproduire lors du deuxième confinement. Il a donc essayé de faire du sport, ajoutant à son activité sportive quotidienne une activité culturelle pour « ne pas être déçu de moi à la fin de la journée, avoir le sentiment d’avoir appris quelque chose chaque jour. » Et si le confinement n’a pas été le moment de la productivité en termes d’études et de travail pour certains jeunes, il a cependant été le temps de la productivité culturelle. Marius B. (19 ans, étudiant à l’UTJ2) a pris le temps d’écouter beaucoup de musiques, Ambre R. a fait une liste de films cultes qu’elle voulait absolument voir et s’est mise au boulot. Les réseaux sociaux ont servi d’échappatoire : Youtube par exemple a beaucoup inspiré Alizée R. qui a profité du confinement pour découvrir de nouveaux youtubeurs.


Pour autant, n’oublions pas les grands sauveurs du confinement que sont les jeux vidéo et les plateformes de SVOD. « Moi cette année je suis reconnaissant d’avoir eu Netflix dans ma vie » ironise Quentin M. Et qui pourrait lui jeter la première pierre ? La musique est également une grande sauveuse de cette année. « La musique, c’est le dernier truc qu’il nous reste pour nous évader, pour avoir un moment à nous même si on est enfermé avec d’autres gens » explique Ambre R. Ainsi, chaque vécu de l’année 2020 a été marqué par une chanson. En voici quelques-unes, compilées dans une playlist.


Enfin, si pour la plupart des vingtenaires il a été question de confinement chez soi en 2020, d’autres n’ont pas particulièrement ressenti de différence. C’est par exemple le cas de Margot C. qui a continué de travailler pendant le confinement, et a donc vu le confinement comme des vacances. « J’ai été obligée de me confiner pendant deux semaines car j’étais cas contact. J’ai pu me reposer, prendre en quelque sorte des vacances. Ensuite je suis retournée bosser. »


Portrait de la jeunesse de 20 ans en 2020


Mais alors, dans toute cette confusion du virus et du travail et du confinement et des études, comment reconnaitre un jeune de 20 ans ?


A ses vêtements, car s’il était recommandé de garder une sorte de routine pour rester productif, les vêtements confortables et de détente l’ont emporté sur les vêtements sérieux de tous les jours. Vêtements « chill », sweats, joggings, pyjamas, shorts de sport… La jeunesse de 20 ans a privilégié le confort cette année, au détriment du style. « J’ai commencé une collection de pyjamas, je suis en train de revoir ma garde-robe de nuit ! » raconte Ambre R.


Il est également possible de reconnaitre le jeune de 20 ans à ses goûts culinaires cette année. Désormais, plus question de culpabiliser lorsqu’on mange, l’important c’est le plaisir. Pâtes, pizzas, sushis, du pain, du fromage, des sandwichs, de la glace… 2020 est l’année du lâcher prise et du plaisir coupable qu’on ose enfin assumer.


Un lâcher prise caractéristique de cette année et de la jeunesse qui cherche à s’occuper comme elle le peut. Et en traînant sur Internet et sur les réseaux sociaux, la farandole des achats inutiles peut commencer. Entre talonnettes et élastiques de sport (pour se donner bonne conscience), en passant par des vêtements que l’on n’aime pas et qui ne nous vont pas et l’achat (improbable) de chèvres naines pour égayer le jardin, l’année 2020 aura eu son lot d’achats inutiles qui nous font pourtant du bien lorsqu’on les achète.


Et se faire du bien en 2020 est devenu un besoin de première nécessité : les jeunes sont unanimes, leur santé mentale s’est dégradée cette année. La fatigue mentale s’installe, la dépression profite de l’occasion pour revenir et ne plus partir… Avoir 20 ans en 2020 c’est être fatigué et à fleur de peau. C’est donc ouvrir les vannes et pleurer, souvent. « J’étais en Italie lorsque le gouvernement a annoncé le deuxième confinement en France. J’ai fondu en larmes sans pouvoir m’arrêter. » raconte Alizée R. Des larmes que beaucoup ont connu.


2020 : « j’ai pas vécu mais j’ai mûri »


Ainsi, si 2020 se termine dans les larmes après avoir commencé dans les explosions de joie, le bilan est assez nuancé quant au vécu de cette année. Divisé entre les partisans du « c’était bien, j’ai pu en apprendre plus sur moi et me reposer » et les alliés du « cordialement, va te faire voir 2020 plus jamais ça », un point commun semble s’élever au-dessus de la foule : « j’ai pas vécu mais j’ai mûri ».

Car si l’année a été indéniablement difficile pour tout le monde, la jeunesse a été obligée de redoubler d’efforts pour s’adapter et se réinventer. Et malgré la frustration de cette année, qui a empêché bon nombre de projets de se réaliser, le mot d’ordre est que ce n’est que partie remise. « Même si j’ai envie de dire à 2020 d’aller se faire foutre, je suis optimiste pour l’année 2021. » explique Emmet A. Et si le sentiment général est que l’année 2021 ne va pas forcément changer quoi que ce soit à la situation actuelle, au moins elle met un point final au chaos de 2020. « 2021 me fait super peur parce qu’on va avoir le contrecoup de 2020 et que tout va s’accélérer d’un coup » précise George G. « Je n’attends rien de 2021, si ce n’est de rester entourée de mes proches, des mêmes personnes que cette année. » Tel est le message d’espoir de Lola B.


Finalement, c’était comment d’avoir 20 ans en 2020 ?


Ainsi, face à un bilan mitigé sur l’année 2020 et les promesses de 2021, est-ce qu’il est possible de conclure avec la nouvellement célèbre maxime d’Emmanuel Macron « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » ?


Entre les cours à distance pour certain, la fermeture des bars et des lieux culturels pour les autres, ce qui fait le sel de la jeunesse a disparu cette année : désormais, plus de contacts sociaux, plus de rencontres, plus de construction identitaire au contact des autres. Dans cette grande solitude collective, la jeunesse a dû apprendre à vivre loin des autres tout en essayant de garder du contact. Par la mise en place de nouvelles routines, par l’euphorie ressentie au moment du déconfinement et par le rapprochement dans la distance imposé par le contexte (avec appels en visio, challenges sur les réseaux etc), les jeunes de 20 ans se sont construits comme jamais auparavant. « Nous avons besoin de contacts sociaux pour nous construire, ces contacts sont décisifs pour notre développement personnel et ne pas pouvoir se rencontrer sans mesures préventives extrêmes, ça rend presque impossible la croissance émotionnelle » explique Emmet A.

Frustrés, ils ont dû faire une croix sur leurs projets. Revoir leurs espérances à la baisse, et remettre à plus tard leurs idées. Encore une fois, ce n’est que partie remise, mais remise jusqu’à quand ?


Alors, peut-on vraiment dire que c’était dur d’avoir 20 ans en 2020 ? C’est le choix de la nuance qui l’emporte : ce n’était pas dur, mais ce n’était pas facile non plus.


Pour autant, n’oublions pas que chaque expérience est différente, et que les milieux sociaux jouent énormément dans la façon de vivre cette année.


Et par-delà les frontières : c’était comment d’avoir 20 ans aux États-Unis ?


Enfin, si en France avoir 20 ans en 2020 ce n’était pas facile, cette nouvelle définition s’applique aussi à d’autres endroits du globe, notamment aux États-Unis. Bones Z. raconte que la jeunesse aux États-Unis n’est pas écoutée, elle n’est pas prise au sérieux. « Tu n’es pas compris comme un adulte quand tu veux l’être. Tu es soit trop vieux pour faire quelque chose, soit pas assez vieux pour comprendre quelque chose. » Une binarité très difficile à vivre, en particulier dans un contexte aussi tendu que celui des élections présidentielles américaines (qui avaient lieu début décembre). De plus, les enjeux des élections étaient très importants, et pesaient sur la jeunesse. Pour Emmet A. les élections étaient « très stressantes, il y avait beaucoup de doute autour du résultat final des élections, on ne savait pas vraiment qui avait gagné. Ça été difficile de faire comprendre à mes amis le poids de la situation. ». De quoi rendre la jeunesse encore plus tendue quant à son avenir.


Alors, en attendant de pouvoir retourner danser avec ses amis ou d’aller au cinéma quand on veut, CRUSOA espère que cette année 2021 apportera à ses lecteurs et aux jeunes de 2020 le renouveau qu’ils espèrent !


CRUSOA remercie les volontaires qui ont accepté de répondre à quelques questions (même au-delà des frontières) pour la réalisation de ce reportage.

Photos : tous droits réservés à Afta Putta Gunawan / Pexels.

 

Toute l’équipe de CRUSOA vous souhaite une bonne année 2021 !

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