Le Cruelty Free, qu'est-ce que c'est ?
L’appellation « Cruelty Free » est de plus en plus visible sur des produits cosmétiques. Cette mention attire les consommateurs, car elle assure que le produit est issu d’une production éthique, respectueuse des animaux. Les différents logos affluent sur les produits, mais ils auraient presque tendance à perdre le consommateur. Donc aujourd’hui, je t’explique le cruelty free et les différents labels que le mouvement propose.
Petit moment histoire : le cruelty free est une branche du mouvement de protection animale. Depuis le début du XXème siècle, une pensée se développe quant à la défense des animaux. Le mouvement explose dans les années 70, lorsque le « Oxford Group », qui rassemble une poignée de diplômés en philosophie, commence à soulever le problème de la violence animale. Ce groupe s’est basé sur une approche morale : il ne s’agit pas de faire passer les animaux comme de petites bêtes toutes mignonnes, mais de prouver que ce sont des êtres conscients qui n’ont pas à subir une quelconque forme de violence pour satisfaire l’humain. Le groupe de philosophes s’appuie en particulier sur l’article Animal Revolution : Changing Attitudes Towards Speciesism (1965) de l’écrivaine Brigid Brophy. Dans le Sunday Times, Brigid Brophy explique que la relation que l’homme a avec les animaux est basée sur l’exploitation. Les animaux nous servent pour nous nourrir et nous habiller, nous les sacrifions en faveur d’un dieu inconnu et nous expérimentons sur leurs entrailles dans l’espoir de comprendre le présent. Bref, les humains sont des cons avec les animaux.
Je te passe les détails, mais le mouvement a longtemps été perçu comme un truc de nanas bobos (et blanches) qui n’ont rien à faire de leur vie. Et le mouvement avait du mal à recruter. Mais les années 80 et 90 vont tout changer. Beaucoup d’universitaires, d’avocats, de psychologues, de vétérinaires et même d’anciens scientifiques pratiquant la vivisection (tu sais c’est quand on découpe un animal pour voir ses entrailles) rejoignent le mouvement. Le mouvement prend de l’ampleur, et de plus en plus de compagnies (souvent liées à la mode) abandonnent les tests sur les animaux.
Attention ! je vais expliquer comment on teste sur les animaux. Si tu es sensible, c’est le moment d’avancer jusqu’à la phrase qui a la même calligraphie que celle-ci.
Pour tester des produits, les animaux sont placés dans des boîtes minuscules, sans aucune anesthésie. On force des rongeurs (lapins, souris, rats, cochons d’Inde ou tout autre rongeur dont un enfant rêve) à manger ou à inhaler certaines crèmes ou autres substances pour voir s’ils ont une réaction allergique quelconque. Parfois, on frotte un ingrédient de cosmétique sur leur peau, sur leurs yeux ou sur leurs oreilles tous les jours sur une période de 30 à 90 jours. Pas besoin de mentionner que les animaux peuvent développer des ulcères, ou que les produits peuvent les rendre aveugles ou déclencher une hémorragie. En gros, les scientifiques en charge du projet sont des bourreaux, et les rongeurs sont leurs victimes.
(Et quand les tests sont finis, on les dissèque, au cas où les produits aient un impact sur leurs organes. On n’est jamais trop prudent.)
Ça donne pas vraiment envie, pas vrai ?
Faire le choix du cruelty free est une démarche qui doit être réfléchie. Si l’on se renseigne rapidement sur le cruelty free, on peut croire que le seul logo assure que le produit n’est pas testé sur les animaux. Mais la réalité est plus complexe que ça. Je t’explique.
Avant tout, il faut noter que cruelty free n’est pas synonyme de vegan. Un produit qui n’est pas testé sur les animaux peut contenir de la cire, du miel, du lait. Les produits vegan, eux, sont souvent cruelty free.
Le but du cruelty free est simple : proposer des produits de qualités sans tuer des centaines d’animaux innocents, qui étaient très bien dans leur petit espace vert. La base de cette appellation repose sur le fait que le produit n’a pas été testé sur les animaux et ce, à aucun stade de fabrication. Mais il faut rester sur ses gardes ; certains produits arborent une petite phrase « produit non testé sur les animaux » et non l’un des logos officiels ! Dans ce cas, comment être sûr du produit ?
Déjà, sache qu’en Europe le règlement cosmétique européen (n°1223/2009) interdit les tests animaux sur les produits ET sur leurs ingrédients. Bonne nouvelle, pas vrai ? Mais le règlement REACH qui l’accompagne peut obliger une marque à tester certains nouveaux ingrédients sur les animaux, surtout lorsque ces ingrédients sont utilisés en grande quantité. Ce règlement oblige le test sur les animaux seulement lorsque que les tests alternatifs n’ont pas été concluants. Que sont ces tests alternatifs ? Ce sont des tests fait sur des peaux reconstituées à partir de cellule humaine, ou à partir de dons. Les produits peuvent aussi être testés sur des volontaires (humains). Le règlement REACH estime que ces moyens alternatifs ne sont pas toujours fiables pour détecter les dangers des produits.
Alors, quelles appellations assurent qu’un produit est totalement cruelty free ? et ce, malgré le règlement REACH ?

Choose Cruelty Free
Choose Cruelty Free est un organisme à but non-lucratif australien. L’organisme lutte depuis 1993 contre la violence animale. Leur label est désormais reconnu internationalement. L’appellation est l’une des plus sérieuses au monde.
Que certifie cette appellation ? Déjà que la marque dans sa totalité est cruelty free. Les tests sur les animaux sont interdits à n‘importe quel stade de fabrication. Cette obligation s’applique à tous les groupes de la marque. En clair, si une compagnie possède une marque qui ne teste pas ses produits sur les animaux mais en possède une autre qui, elle, teste ses produits sur les animaux, elle ne sera pas certifiée Choose Cruelty Free. Par exemple, la marque The Body Shop ne teste pas sur les animaux, mais elle appartient à L’Oréal qui teste sur les animaux, donc The Body Shop ne peut pas être certifiée Choose Cruelty Free. De la même façon, les marques s’engagent à ne pas vendre leurs produits dans un pays qui rend obligatoire les tests sur animaux (comme la Chine, mais la législation est en train d’évoluer dans un sens prometteur).
Seul bémol pour cette appellation : le label n’a pas une durée déterminée. La durée de l’accréditation dépend de chaque compagnie.

Cruelty Free PETA et Cruelty Free & Vegan PETA
PETA est l’acronyme pour “People for the Ethical Treatment of Animals”. PETA est une association à but non-lucratif internationale qui lutte pour les droits de tous les animaux. L’association délivre deux types de labels. Le Cruelty Free, qui proscrit les tests sur les animaux, et le Cruelty Free & Vegan, qui garantit qu’une marque n’est pas testée sur les animaux et qu’aucun de ses ingrédients n’est d’origine animale.
Cette appellation certifie que la marque dans son entièreté est cruelty free. Ni les produits finis, ni les ingrédients ne sont testés sur les animaux. De plus, La marque ne peut pas vendre ses produits dans des pays où la réglementation impose l’expérimentation sur les animaux. Contrairement au Choose Cruelty Free, la firme qui possède la marque n’est pas obligé de suivre la même éthique. Mais les contrôles sont plus stricts, puisque l’appellation n’est valable qu’un an.

Human Cosmetic Standard (HSC) aussi appelé Leaping Bunny
Ce label est créé en 1998 par huit associations de défense des animaux. Ces associations sont américaines (comme la branche américaine de Beauty Without Cruelty, qui est la première association de lutte contre la violence animale au monde), canadiennes et européennes. L’appellation a une portée internationale.
Le label interdit l’expérimentation animale à n’importe quel stade de fabrication. Les producteurs des matières premières doivent être en capacité de prouver qu’aucun test sur les animaux n’a été pratiqué. Si la vente dans les pays où la loi impose les tests sur les animaux est interdite, la firme auquel appartient la marque n’est pas nécessairement soumise à la même éthique. A l’image de PETA, HSC impose un contrôle tous les ans des marques pour certifier le label.

One Voice
One Voice est une association française de lutte contre la violence animale. En 1998, l’association crée un label du même nom, certifiant les produits non testés sur les animaux. Le label se décline en deux couleurs : un logo orange, certifiant que les produits sont issus de l’agriculture biologique et un logo bleu, qui ne certifie pas que les produits sont biologiques.
Le label certifie que les produits (et non la marque en son entièreté !) sont cruelty free. Le logo interdit les tests sur les animaux, vivants ou en devenir, à tous les stades de fabrication. Mais One Voice n’interdit pas le test sur les marchés étrangers. Donc une marque peut tester ses produits sur animaux pour accéder au marché chinois et être labellisée One Voice en France ! L’appellation ne garantit que les produits vendus en France.
Il existe une multitude d’autre appellation Cruelty Free, mais ceux-ci sont les plus connus et les plus répandus. Chaque label a ses avantages comme ses inconvénients, et il revient à chacun de trouver celui qui correspond le plus à son éthique. Certains préféreront boycotter une marque cruelty free si la firme ne suit pas la même éthique, tandis que d’autre feront la différence entre les deux.
Pour finir cet article, je te propose une liste (non exhaustive !) des marques de cosmétiques cruelty free !
ABH (PETA)
Becca (PETA)
Colourpop (PETA)
Elf (PETA)
Jeffree Star (Leaping Bunny, PETA)
Jouer (Leaping Bunny)
Kat Von D (PETA)
LUSH (PETA)
NYX (PETA)
OFRA cosmetics (Leaping Bunny, PETA)
Tarte (PETA)
The Body Shop (Leaping Bunny, PETA)
Too Faced (PETA)
Urban Decay (PETA)
Le site https://www.crueltyfreekitty.com liste les marques cruelty free et met régulièrement à jour sa liste ! Si tu veux vérifier l’éthique de ta marque cosmétique préférée, je te le conseille vivement !
J’espère que cet article t’as aidé à mieux comprendre le monde du cruelty free. Acheter des produits cruelty free est un acte éthique. Mais je t’engage à aussi réfléchir sur les créateurs de ces produits. Le label cruelty free n’engage que la marque, pas le créateur. Le visage de la marque ne correspond pas forcément au visage du créateur. À toi de choisir si tu dissocies les deux, en mettant les choix personnels du créateur en second plan, ou si tu portes une grande importance à l’éthique de celui-ci.