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Mon Bien-aimé, Habibi, de Craig Thompson

Pendant les vacances chez moi, il y a toujours beaucoup de monde. Tous les amis de mes parents viennent, accompagnés de leurs enfants, et nous nous retrouvons parfois à 22 dans la maison. Pour le moment, seuls nos amis de Paris sont présents, les autres arrivent plus tard, et ce soir, ils reviennent de Montpellier avec des cadeaux pour mes sœurs et moi.

« Tiens Mathilde, on savait pas trop quoi te prendre, et le vendeur nous a dit que ça pourrait te plaire et coller avec ta personnalité ! » me dit-Elle en me tendant un paquet vert, très lourd et très gros. Je me questionne en l'ouvrant, mais remarque bien vite que c'est un livre, et pas n'importe lequel. Ce livre est en réalité une bande dessinée de Craig Thompson, un auteur américain de 36 ans, appelée Habibi. « Merci ! » dis-je avec enthousiasme (c'est bien simple, j'adore les bandes dessinées).

Couverture de la première édition (2011) chez Casterman ed.

Je commence à feuilleter l'ouvrage, près de sept cent pages de dessins, de contes, de magie, de drame et d'amour, le tout dessiné par une plume d'encre noire. La quatrième de couverture dit de ce livre que c'est « Un récit onirique, érudit et sensuel à l'atmosphère orientale digne des Mille et Une Nuits ». La quatrième de couverture a raison, mais je me dois de rester fidèle à mon impression. Cette bande dessinée a été publiée en 2011 aux États-Unis, elle est l’œuvre de Craig Thompson, un dessinateur et scénariste américain de BD, issu d'une famille chrétienne fondamentaliste. Pourtant, bien qu'il vienne d'une famille chrétienne, la thématique principale de Habibi est le Coran et sa mystique.

Comment expliquer ce décalage ? Tout simplement parce que ce n'est pas l'histoire même du Coran qui est importante dans cette bande dessinée, mais la magie qu'elle renferme et qui est en quelque sorte l'essence même de la fiction : comment créer sans le merveilleux ? Finalement ce qui importe dans Habibi ce n'est pas tant la religion que la beauté de l'amour entre les personnages principaux, beauté de l'amour que l'on retrouve dans toutes les religions, à l'origine. Au delà de l'érotisme et de la douceur que dégage cette histoire, elle dégage également un savoir, et une morale très importante sur la religion, et la vie que nous nous infligeons pour survivre.



Début de la BD, la religion est évoquée ainsi que l'écriture, thème important dans cette histoire car c'est l'écriture qui sauve Dodola (ici présente dans la dernière case en bas à droite).

Cette bande dessinée raconte l'histoire de Dodola, vendue à un scribe par son père alors qu'elle était enfant, qui lui a apprit à lire et à écrire, qui lui a apprit les histoire du Coran et les contes secrets de la culture musulmane. Lorsqu'elle est enlevée par des esclavagiste, elle rencontre Zam, encore bébé, qu'elle va adopter et élever comme son frère au cœur du désert. Ils vivront des aventures fabuleusement tristes et lourdes de sens, ensemble ou seuls, se cherchant et se retrouvant, entourées d'anecdotes sur les religions ou comment comprendre le Coran et toute sa mystique.

Il est 21 heure, je le lis depuis une heure. Je suis comme habitée par les esprits et les larmes de Dodola et de Zam. Ils sont beaux, personnages de papier, seuls contre le monde, avec leurs histoires pour se réchauffer la nuit dans le désert. Le véritable pouvoir de cette histoire, c'est de réussir à nous parler, sur le plan créatif, savant et émotionnel. Craig Thompson frappe fort en choisissant de relater cette histoire, avec toutes les sortes de polémiques sur l'Islam que l'on peut trouver de nos jours, mais là où il tape encore plus fort, c'est qu'il n'y fait aucune allusion. Pourquoi parler d'un sujet aussi triste et laid quand on peut parler de la beauté pure de l'amour, à travers les personnages, leurs vies et l'histoire des religions. Il réussit à nous faire oublier, mais surtout vivre le temps de la lecture la vie et les émotions de personnages inventés. Qu'y a-t-il de plus beau que ça ? Surement l'histoire de Dodola et de Zam, de Habibi*, de mon bien-aimé.


*Habibi signifie mon bien-aimé.

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