Petits conseils, grandes aventures : Quiberon, se perdre sur la côte sauvage.
Dernière mise à jour : 3 avr. 2019
« Instagram au petit-déjeuner, ça a de quoi rendre fou. Et pourtant, je me flagelle dès le réveil en regardant des posts de voyage où des filles beaucoup plus belles que moi affichent une vie beaucoup plus chouette que la mienne. Ce qui m’achève, ce sont les photographies de voyage. Non mais sérieusement, où trouvent-elles le temps et
l’argent nécessaire à ce genre d’aventure ? »
C’est à peu près ce que je me suis dit, tous les matins, avant de me rappeler les vers de Gaël Faye :
" Écris des récits ou te cogner à des récifs Une feuille blanche est encore vierge pour accueillir tes hérésies Lis entre les vies, écris la vie entre les lignes Fuis l'ennui des villes livides si ton cœur lui aussi s’abîme "
Si cette fois tu ne veux pas partir loin, que tu as besoin de te mettre au vert (enfin au bleu ici en l’occurrence) et que tu es curieux de découvrir les secrets de notre douce France, j’ai exactement ce qu’il te faut : la Bretagne, et plus particulièrement la presqu’île de Quiberon (parce que c’est la seule partie que je connaisse).

Quiberon, c’est cette toute petite pointe située dans le Morbihan, face à Belle-île-en-Mer. Penches-toi un peu sur la carte, tu verras mieux, c’est vraiment pas grand. Mais attends avant de te plaindre ! C’est le coin idéal pour prendre du recul, mettre de côté toutes tes idées noires et simplement souffler un peu. En plus, cette péninsule bénéficie d’un micro climat (si si je t’assure, quand on me l’a dit j’ai ris, mais en fait c’est VRAI). Je ne vais pas non plus dire qu’il y fait tout le temps beau et chaud ! Mais j’ai pu me baigner pratiquement tous les jours pendant mon voyage, et crois-moi je suis pourtant du genre frileuse... Quiberon, c’est un petit bout de terre offert à la mer, tout juste relié au continent par un isthme, comme s’il voulait partir lui aussi à l’aventure. Et derrière l’apprêté de la lande, la violence des tempêtes et le manque de moyens de transports se cache en fait un joli havre de paix. Si tu as une voiture, Quiberon peut être une petite pause dans un road-trip breton ! Et si comme moi tu es un.e piéton .ne invétéré.e ne t’en fais pas, ça fait toujours une bonne raison de prendre le Tire-Bouchon (je t’en parle juste après).
Petit aperçu des merveilles de cette presqu’île.

Je t’en parlais à l’instant, le Tire-Bouchon fait partis de ces curiosités locales qui valent le détour. Ce petit train fait la jonction entre Auray et le bout de l’île en période estivale. Certes, ça n’est plus un train à vapeur, mais il y a quelque chose de surprenant dans ce train qui s’arrête au milieu de nulle part et qui pourtant est bien pratique quand, comme moi, tu ne conduis pas. Il a un goût de vieille carte postale, et aurait parfaitement sa place dans un
roman de Pagnol (enfin un Pagnol breton). Il est même accessible aux vélos, ce qui est bien pratique. Et la petite anecdote amusante tient dans son nom. Avant il était surnommé le « train des cocus », car les hommes l’empruntaient pour rejoindre les vacancières venues profiter du bord de mer sans leur mari. Et si aujourd’hui on l’appelle Le Tire-Bouchon c’est qu’il a été pensé pour limiter les nombreux bouchons qui paralysent la seule route qui mène à Quiberon... Sauf que dans les faits, c’est lui qui les provoque !
La pêche à pied.
Je vais peut-être passer pour une idiote, mais en bonne sudiste que je suis, le phénomène de marée était pour moi un grand mystère. Alors quand on m’a dit qu’on partait pêcher, j’ai gentiment répondu que je n’avais pas de canne à pêche (on s’est bien moqué de moi). J’étais loin de deviner qu’on allait pécher à pied, en profitant de la marée. J’ai passé plusieurs heures, les genoux dans la vase, à gratter le sol à la recherche de coques et autres palourdes. Un conseil : armes-toi de patience. Et tu pêcheras plus de choses au moment du jusant (quand la marée remonte) ... Mais comme dit H. D. Thoreau dans Walden à propos des myrtilles : quand tu as toi-même cueilli (ou dans notre cas pêché) ce qui finit dans ton assiette, ça n’a définitivement pas le même goût ! C’est une activité amusante, et d’après moi très relaxante. Ça permet de changer notre pratique de la plage : au lieu de faire bronzette, étendu sur une serviette (ce qui est une activité des plus agréables), tu marches, tu creuses et ça donne lieu à des batailles de vase assez exceptionnelles.
Si après ces longues heures passées les pieds dans l’eau tu as envie de retourner à la civilisation, fais donc un tour à Quiberon. C’est la plus grande ville de l’île et qu’est-ce que c’est joli ...
Le marché – Les mercredis et samedis matin, Quiberon accueille un marché qui rappelle les vacances chez les grands-parents. Les étales sont un régal pour les yeux et un millier d’odeurs viennent chatouiller les narines. C’est parfait pour flâner et trouver de quoi se faire un petit pique-nique ! Et puis c’est l’occasion de rencontrer des producteurs locaux et de discuter avec eux !
Et puis la Bretagne est connue pour ses spécialités culinaires, et je ne peux pas écrire sur mon séjour là-bas sans évoquer le kouing amann . Celui de chez Riguidel est vraiment très très bon, et la boutique est absolument charmante ! En en mangeant j’en suis venue à me demander si Tolkien ne s’était pas inspiré de cette spécialité bretonne pour le lembas, le pain elfique (« Un bouchée suffit à remplir l’estomac d’un adulte »)
Quoi ? Maintenant tu as soif ? Haha, que serait la côte bretonne sans son lot de tavernes et de repères de pirates ? Je connais d’ailleurs l’endroit parfait pour faire une pause et se rafraîchir le gosier. Un aventurier pourrait parfaitement passer dans la rue Port Maria sans se rendre compte que derrière le couloir sombre se cache un patio des plus étonnants.

Bienvenue à « Un petit goût de ... ! » Ce bar a de quoi surprendre, c’est les Caraïbes en pleine Bretagne. Les tables en bois flottés, les cocktails illustrés sur les murs, la musique ... Douce ambiance de voyage dans le temps.

Pour ceux qui ont vu Black Sails, c’est le genre d’endroit qu’on imagine bien à Nassau, avec Max pour patronne. Les prix sont dans la moyenne et je garde un souvenir orgasmique du smoothie orange, fraise, ananas ... Et il paraît que leurs soirées sont d’enfer !

Et si en sortant de ce bar vous partiez à la rencontre des artistes locaux ? En continuant vers la plage de Port Maria, arrêtes-toi à « L’ATELIER ». Cette jolie boutique est le repère de deux sirènes, deux femmes qui ont offert leur âme à l’océan et qui, par leur travail, en révèlent toute la beauté. L’une les inscrit à même la peau, l’autre les écrit, les grave ou les dessine. La boutique mélange atelier de création et shop de tattouage dans une ambiance très chill.

Petites présentations :
Mersea People (Dothy pour les intimes ) touche un peu à tout : dessins, jeux de mots, gravures ... Ses sujets de prédilections : les femmes et la mer. Elle a un coup de crayon bien à elle, un style type méga vague dans ta face. Ça taille dans le vif, méfie toi ça décoiffe. Le tout est saupoudré d'un humour aussi acide qu'un citron.
« Sosox » est tatoueuse. Son travail s'inspire d’éléments marins et floraux. Ses tatouages sont d'une très grande finesse. C'est beau, c'est doux, ça donne envie de se faire tattouer tout partout..
Ces deux femmes de grand talent sont très accueillantes, leur boutique est vraiment jolie et leur travail touche droit au cœur...
Et puisqu’elles vantent la beauté de leur presqu’île avec fierté, il est temps de lui rendre hommage. Et pour cela, une aventure sur la Côte Sauvage s’impose. A pied, à vélo, tout est bon tant que tu te balades. Ouvres grand les yeux et les poumons, Indiana Jones en perdrait son chapeau. L’air marin, le bruit des vagues, la nature dans toute sa sauvagerie. Mais si le temps est clément (gare aux tempêtes) et que tu as l’âme d’un bouquetin, les falaises cachent
des criques magiques qui abritent plus d’un trésor ...

Alors, convaincu.e ? Quiberon n’est peut-être pas la destination à laquelle on pense en premier. Mais la France a aussi son lot de petits coins de paradis. Alors pourquoi ne pas envisager la Bretagne pour ta prochaine aventure ?
P. S. Je ne peux pas partir sans te conseiller la Morgate, une bière brassée à quelques encablures de là, sur Belle-île-en-Mer. Blonde, Blanche ou Ambrée, elle porte en elle la fraîcheur des embruns et l’énergie de cet endroit.
Yec’hed mat ! (ça veut dire « santé ! » en Breton)
Merci à Ronan Nocca pour ses jolies photos !